Au bord de la rupture diplomatique

Nous pensions que la convocation par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Atauf de l'ambassadeur du Mali en Algérie, en réaction à la convocation de son adjoint à Bamako, permettrait de dissiper ce que nous pensions être un simple malentendu. Le langage conciliant utilisé par le ministre algérien à l'adresse du chef de la mission diplomatique du Mali en Algérie ne présage en rien d'une escalade des tensions.

Cette expansion est venue d'Alger qui a convoqué son ambassadeur à Bamako. Ahmad Attaf, c’est comme agir en dehors des directives établies par des forces surnaturelles.

Le ministre algérien des Affaires étrangères n'a pas évoqué la question du retrait de l'ambassadeur d'Algérie au Mali lors de son entretien avec l'ambassadeur du Mali. Un communiqué publié le 21 décembre par le département d'Ahmed Attaf ne donne aucune indication sur une éventuelle démarche des deux pays pour rappeler leurs ambassadeurs. C'est Alger qui a pris l'initiative et Bamako a immédiatement riposté. Un événement sans précédent dans l’histoire des relations entre les deux pays.

Tout a commencé à la mi-novembre lorsque l’armée malienne s’est emparée de Kidal, une ville du nord du pays. Il n’y a pas eu de réaction officielle du côté algérien, partisan des accords entre le gouvernement central et les rebelles du Nord en avril 2015. Ce n'est qu'un mois plus tard qu'Alger s'est fait sentir dans un communiqué publié le 13 décembre, dans lequel les responsables algériens exprimaient leur « ferme conviction que l'Accord d'Alger sera le cadre adéquat pour résoudre la crise au Mali ». A l'occasion, ils ont appelé « tous les partis Malik à renouveler leur engagement dans cette mission commune de paix et de réconciliation ».

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Des mesures ont été prises contre les rebelles suite à l'appel d'Alger. Le Premier ministre algérien Alqabas Ag Indala a accueilli Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et actuel leader du CSP, ainsi que Hanoun Ould Ali, représentants de la plateforme et porte-parole du CSP. Mohammed Elmoulud Ramadan. Bilal Ag Acherif, leader du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), n'a pas été le seul à répondre à l'appel d'Alger.

Les entretiens entre le chef du gouvernement algérien et ses hôtes maliens ont principalement porté sur l'échange de vues sur les dernières évolutions de la situation dans la région. Selon des sources proches du document, pilotées par la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure, dirigée par le général-major Djerber Mehenna, il n'est pas question de reprendre l'accord d'Alger.

La relance de l'accord nécessite l'implication du gouvernement malien, qui est resté, de manière inhabituelle, à l'écart et dans l'ignorance des négociations d'Alger.

L'audience que le président algérien Abdelmadjid Debon a accordée à l'imam pacifiste conservateur Mahmoud Dikko, un homme de peu d'influence politico-religieuse, a suscité l'ire des responsables maliens. Leur réaction a été rapide, d'autant plus qu'ils étaient au courant des négociations entre les opposants au gouvernement et le gouvernement algérien.

C'était pour les Maliens une raison suffisante pour convoquer l'ambassadeur d'Algérie à Bamako au lendemain de la rencontre Debon-Mahmoud Dikko, en présence du chef des renseignements extérieurs algériens. Le lendemain, Alger faisait de même avec l'ambassadeur du Mali à Alger. Nous pensions que les choses allaient s'arrêter à ce stade. Mais contre toute attente, les autorités algériennes ont convoqué leur ambassadeur à Bamako pour « consultation ».

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Contrairement aux Français et aux Espagnols, qui n'ont jamais suivi Alger dans une voie hostile en s'abstenant de répondre aux convocations des ambassadeurs d'Alger à Paris et à Madrid, les Maliens ont répondu promptement. Dans une lettre adressée au ministère algérien des Affaires étrangères, les hauts responsables ont appelé à « la politique de réciprocité en rappelant pour consultation M. Mahamane Amadou Maika ». (Voir document).

Lettre Ambassadeur du Mali à Alger

Les choses ont bougé rapidement et ce qui semblait difficile à imaginer il n’y a pas si longtemps s’est finalement produit. Rappeler les ambassadeurs signifie fermer les canaux de communication officiels entre les deux États. C’est la dernière étape avant la rupture des relations diplomatiques.

A l'heure où le flambeau brûle entre Alger et Bamako, Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne, est à Marrakech pour assister à une réunion ministérielle de coordination de l'initiative internationale du roi Mohammed VI, rarement dans l'intérêt d'Alger. Promouvoir l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique, qui se tiendra à Marrakech le samedi 23 décembre, avec la participation du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad.

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