Alger/ Damas-
Les responsables syriens ont surpris le gouvernement algérien en ne montrant de manière inattendue aucun intérêt à réoccuper le siège de leur pays lors du prochain sommet de la Ligue arabe en Algérie début novembre prochain.
Un obstacle supplémentaire aux espoirs algériens d’assurer le succès de l’événement est l’incertitude quant à savoir si le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi sera présent ou décidera d’envoyer un représentant à sa place. La présence de Sisi est considérée par les observateurs comme essentielle aux discussions sur un certain nombre de questions panarabes clés, y compris la Syrie, et renforçant la position des dirigeants algériens face à des défis régionaux défavorables.
Selon des experts arabes, les relations entre l’Egypte et l’Algérie se sont détériorées ces derniers mois en raison d’un certain nombre de facteurs, dont la réception par Alger du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Le Caire a vu la visite du Premier ministre éthiopien, qui a rencontré le président algérien Abdelmadjid Debon et le Premier ministre Ayman bin Abdel Rahman, comme l’expression d’un parti pris en faveur de l’Éthiopie contre l’Égypte sur la question critique du barrage de la Renaissance et de son impact sur son aval. eaux. Nil.
L’impasse syrienne a jeté un frein aux préparatifs du sommet d’Alger et à son ambition de récolter les dividendes de l’événement. C’était un objectif officiel majeur de la « réunification arabe ». Une mesure importante vers cet objectif était la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe. Mais l’enthousiasme pour cet objectif parmi les États arabes, y compris maintenant la Syrie, a considérablement diminué ces dernières semaines.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a tenté de préfacer toute interprétation défavorable de la position syrienne en annonçant que « Damas préfère ne pas recommander le retour de l’Algérie dans la Ligue arabe lors du sommet de novembre prochain ».
L’annonce est intervenue après une conversation téléphonique avec son homologue syrien, Fayçal Mikdad, consacrée à « la question des relations de la République arabe syrienne avec la Ligue arabe », selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
Lamamra a confirmé que son pays ne souhaitait pas soulever la question de la réadhésion de la Syrie à la Ligue arabe lors du sommet de novembre pour contribuer à l’unification des forces arabes face aux défis imposés par la situation actuelle. régional et international. »
Les propos de Lamamra suggèrent que l’absence de consensus arabe a contraint l’Algérie à reculer sur la question du retour de la Syrie dans la Ligue. On s’attend à ce qu’aucun effort ne soit fait dans les prochains jours pour présenter cette évolution comme une « concession » pour « l’unité arabe » et non comme un autre revers diplomatique algérien.
Les analystes affirment que le revirement sapera la rhétorique populiste algérienne au niveau national et fera du sommet un fardeau plutôt qu’un moyen de redorer le blason de l’Algérie dans la région.
Le ministre algérien des Affaires étrangères n’a pas fourni d’autres détails sur la situation syrienne inattendue, mais des experts régionaux ont émis l’hypothèse que les dirigeants syriens pourraient avoir reçu des informations ou des conseils de pays arabes. Celles-ci auraient été motivées par plusieurs préoccupations arabes en matière de sécurité, notamment la position de l’Algérie sur l’Iran et le Hezbollah libanais et la réconciliation de l’Algérie avec l’Éthiopie.
Selon les analystes, la Syrie se méfierait de s’aliéner certains pays arabes influents en désaccord avec l’Algérie, notamment dans sa crise actuelle avec le Maroc.
Les États arabes du Golfe soutiennent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, tandis que l’Algérie soutient le Polisario, qui combat le régime marocain.
Ces derniers mois, la Syrie a amélioré ses relations avec plusieurs pays arabes et, selon les experts, aurait pu être assurée d’un retour dans la Ligue arabe avant longtemps, mais « mise en garde contre l’alignement sur l’agenda égoïste algérien ».
L’Algérie comptait auparavant sur le soutien de l’Egypte pour aider le sommet et son ordre du jour annoncé. Mais des désaccords ont poussé Le Caire à reconsidérer son soutien et même à suggérer lors de discussions informelles entre membres de la ligue, selon des sources, que le sommet pourrait être déplacé d’Algérie vers une autre capitale arabe ou reporté.
Au cours des dernières semaines, le ministre algérien des Affaires étrangères s’est rendu dans plusieurs capitales arabes, dont Bagdad et Damas, pour préparer un sommet arabe prévu, mais la réponse du gouvernement irakien a été ambiguë. La Syrie, qui avait initialement salué les efforts algériens, a surpris tout le monde par sa tiédeur à assister enfin au sommet.
Essayant de lui donner un meilleur visage, l’Algérie a déclaré son « appréciation de la position de la Syrie en faveur de la promotion d’une action arabe conjointe aux niveaux bilatéral et conjoint au profit de la sécurité nationale arabe dans toutes ses dimensions ».
Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, l’Algérie a entamé une série de consultations avec plusieurs pays arabes dans le but de renforcer le consensus nécessaire en vue de la préparation de la 31e session ordinaire du Conseil de la Ligue des États arabes. Le sommet se tiendra en Algérie les 1er et 2 novembre prochains.
Se référant à la visite de Lamamra à Bagdad et à Damas, la Syrie a clairement indiqué qu’elle « accorde la priorité au renforcement des relations interarabes et à l’union des forces arabes pour faire face aux défis actuels et soutient les efforts de l’Algérie à cet égard ».
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