Des centaines d’étudiants et de partisans de la démocratie ont manifesté mardi à Alger alors qu’un mouvement de protestation renouvelé entrait dans sa troisième semaine de rassemblements.
Les journalistes de l’Agence France-Presse ont déclaré que la marche avait parcouru les rues principales de la capitale algérienne, atteignant le bureau de poste central.
Le site était un point de rassemblement symbolique pour le mouvement pro-démocratie Hirak qui a débuté en février 2019 et a contraint en quelques semaines le président de l’époque Abdelaziz Bouteflika à abandonner une tentative pour un cinquième mandat et à démissionner.
Les manifestants ont scandé des slogans du mouvement appelant à «une Algérie libre et démocratique» et «un État civil et non militaire» et ont hué le président Abdel Majid Tebboune.
« Les principales revendications des étudiants sont le départ du » système « , un système judiciaire indépendant et une presse libre qui peut transmettre ce que les gens disent, pas ce que dit le système », a déclaré Elias, 25 ans, à l’AFP.
Et au sommet de la manifestation, une grande banderole disait: « Le régime est mort et le corps ne peut pas être ressuscité. Purifiez! »
Le Hirak réclame une réforme globale du système au pouvoir en place depuis l’indépendance de l’Algérie de la France en 1962 et qui est considérée comme synonyme de corruption.
«Nous protestons parce que nous rejetons (acceptons) ce système, rejetons ses méthodes et rejetons la division», a déclaré Zakaria, 27 ans, étudiante.
Le déploiement de la police a été nettement plus léger que les semaines précédentes.
Des milliers de personnes ont défilé dans la capitale algérienne et dans d’autres villes le 22 février pour marquer le deuxième anniversaire de l’émergence du mouvement.
Tous les rassemblements publics restent interdits en raison de la nouvelle pandémie de coronavirus.
Avant que la crise sanitaire n’interrompe les manifestations régulières du Hirak, les étudiants ont organisé leurs rassemblements hebdomadaires mardi.
Dans un geste d’apaisement, Tebboune a annoncé le mois dernier une amnistie pour des dizaines de militants pro-démocratie emprisonnés, dont plusieurs personnalités.
Mais certains tribunaux sont encore durs.
Le groupe de défense des droits des prisonniers CNLD a déclaré que l’activiste Sami Dernouni, qui est détenu à Tipaza près d’Alger, a été condamné mardi à deux ans de prison pour incitation à un rassemblement et atteinte à l’unité nationale et à la sécurité.
Autrefois Premier ministre sous Bouteflika et élu lors d’une élection présidentielle largement boycottée en décembre 2019, Tebboune a contacté le mouvement de protestation tout en cherchant à le neutraliser.