JO 2024 : l’avantage de jouer à domicile contribuera-t-il au décompte des médailles de la France ?

Les Jeux olympiques d’été de 2024 débuteront le vendredi 26 juillet avec la cérémonie d’ouverture à Paris. C’est la troisième fois que la France accueille des jeux modernes – la dernière fois, c’était il y a un siècle. Nous examinons ici si l’avantage du terrain pourrait contribuer à augmenter les chances de la France au tableau des médailles cette fois-ci.

L’accueil affecte-t-il les performances aux Jeux olympiques ?

Lorsqu’un pays accueille des Jeux olympiques d’été, l’histoire montre qu’il a tendance à faire mieux que lorsque les jeux ont lieu ailleurs. Les trois pays hôtes précédents – le Japon, le Brésil et le Royaume-Uni – occupaient des positions plus élevées au tableau des médailles que lors des trois Jeux olympiques précédents auxquels ils avaient participé avant d’accueillir.

S’il est trop tôt pour savoir si la France poursuivra cette tendance en 2024, l’histoire est définitivement de son côté. En conséquence, on peut s’attendre à ce qu’il se classe au-dessus de la huitième place qu’il occupait à Tokyo.

Pourquoi organisons-nous les Jeux olympiques d’été ?

Les économistes affirment que les avantages financiers liés à l’organisation d’un méga-événement sportif comme les Jeux olympiques d’été sont, au mieux, minimes, contrairement à ce que prétendent de nombreux médias et rapports officiels (Copain et Matheson, 2016; Jeux Olympiques 2024a).

En raison des coûts élevés de l’accueil des Jeux en termes réels et des rendements discutables, le nombre de villes candidates à l’accueil des Jeux a diminué (Matheson, 2018Les Jeux olympiques d’été de 2024 n’avaient eu que deux candidatures viables – une de Paris et une de Los Angeles – puisque Boston, Budapest, Hambourg et Rome se sont retirés avant la date limite de 2017.

Craignant qu’il n’y ait pas de candidature ultérieure pour accueillir les Jeux Olympiques de 2028, le Comité International Olympique a pris la décision sans précédent d’accorder à Los Angeles le droit d’accueillir les Jeux de 2028 en annonçant Paris comme ville hôte des Jeux de 2024.

L’organisation des Jeux olympiques est-elle simplement un moyen d’acheter le succès ? Même si l’histoire suggère que les pays hôtes améliorent leurs performances antérieures, cela reste une stratégie risquée car l’avantage du terrain semble diminuer avec le temps (Singleton et coll., 2021).

Qu’est-ce qui détermine le succès des Jeux Olympiques ?

Les recherches indiquent que les facteurs typiques qui déterminent le succès des Jeux Olympiques sont la taille de la population, les revenus, l’idéologie politique et l’organisation des Jeux (Bernard et Boss, 2004).

Avec une plus grande part de la population mondiale – et compte tenu de la répartition plus aléatoire des athlètes d’élite à travers le monde – les grands pays auront une plus grande part de ces athlètes et connaîtront donc plus de succès. De même, les pays les plus riches disposent de ressources abondantes pour entraîner leurs athlètes et participer à des sports spécialisés tels que la voile et l’équitation, ce qui peut coûter cher à leurs homologues les plus pauvres.

La politique joue également un rôle dans le succès des Jeux Olympiques. Par exemple, l’Union soviétique et ses États satellites ont déjà obtenu de bons résultats aux Jeux. Ces pays auraient obtenu ces médailles en investissant massivement dans le sport pour démontrer la domination de leur système politique (Coates, 2017Cependant, l’influence du communisme sur les performances olympiques a diminué au fil du temps, ce qui suggère qu’elle est moins importante aujourd’hui que par le passé (Noland et Stahler, 2017).

Enfin, comme mentionné ci-dessus, l’influence de l’hôte influence le succès olympique et constitue l’un des facteurs les plus puissants (REFLAC, 2021).

Comment l’avantage du terrain nous aide-t-il et quelles sont ses limites ?

Il existe plusieurs théories sur la manière dont l’avantage du terrain contribue au succès aux Jeux olympiques (Palmer et Williams, 2003La connaissance des pistes de course, des sites et du climat est un facteur qui peut donner un avantage aux athlètes locaux.

En France, cela peut s’appliquer à certains sports plus qu’à d’autres. Par exemple, l’un des événements les plus attendus est une baignade en eau libre dans la Seine (Forbes, 2024)Mais en raison des niveaux de bactéries actuellement présents dans la rivière, il est déconseillé aux athlètes français de s’y exercer. Et ce, même si les responsables parisiens ont affirmé que les eaux seraient suffisamment sûres pour accueillir l’événement pendant les Jeux.

L’avantage de jouer à domicile profiterait également aux athlètes locaux, car ils n’ont pas besoin de se déplacer pour assister aux matches. Les athlètes français doivent donc être plus à l’aise que leurs homologues et être à l’abri de facteurs supplémentaires comme le décalage horaire, qui affectent les performances (Gilbert et coll., 2020).

Cependant, l’importance de ces facteurs devrait être minime à la lumière des récentes améliorations en matière de médecine du sport et d’infrastructures de voyage. En comparaison, pour les Jeux Olympiques de 1956 à Melbourne, le temps de trajet depuis l’Europe était de plus de 30 heures, soit près de deux fois plus qu’aujourd’hui (Indépendant, 2018).

De même, les athlètes sont désormais plus mobiles géographiquement, les compétitions étant organisées dans différentes parties du monde. Par exemple, les athlètes d’athlétisme seront déjà en Europe continentale pour préparer les Jeux Olympiques, les Championnats de la Ligue de Diamant étant prévus à Monaco et à Londres juste avant les Jeux (Ligue de Diamant 2024).

On prétend souvent que participer devant un public local peut stimuler la performance sportive. De plus, lors d’événements jugés personnellement comme la boxe ou le football, le public peut influencer la décision d’un officiel en faveur d’un athlète local. C’est une autre manière dont l’avantage du terrain pourrait se traduire par un succès olympique.

Mais des recherches récentes mettent en doute cette hypothèse (Bryson et coll., 2021Pendant la pandémie de Covid-19 – lorsque les matchs de football professionnel se jouaient sans supporters – alors que les arbitres distribuaient plus (moins) de cartons jaunes aux équipes locales (visiteuses), cela n’a eu aucun impact sur la part des victoires à domicile ou sur la différence de buts. Cela suggère que les effets de foule n’ont pas affecté le résultat global.

D’autres preuves anecdotiques soutiennent cette affirmation. Lors des Jeux olympiques de Tokyo, qui se sont déroulés sans spectateurs en raison de l’épidémie, le Japon a réussi à améliorer ses performances et à se classer troisième au tableau des médailles. Il s’agit d’une amélioration significative par rapport aux trois Jeux Olympiques précédents, comme le montre le tableau 1 (Jeux Olympiques 2024bCela soulève des doutes supplémentaires quant à savoir si la France bénéficiera de l’avantage de jouer à domicile en participant devant ses supporters.

Tableau 1 : position du Japon dans le tableau des médailles aux Jeux olympiques d’été

olympiade position
Pékin 2008 6oui
Londres 2012 11oui
Rio de Janeiro 2016 8oui
Tokyo 2020 3Recherche et développement
Source : Calculs de l’auteur

Quel est le facteur d’influence probable dans la relation entre l’accueil et le succès olympique ?

Les ressources pourraient expliquer en grande partie la façon dont les pays hôtes obtiennent de meilleurs résultats aux Jeux Olympiques. Afin de préparer les Jeux olympiques d’été, des capitaux sont mobilisés vers le sport, et ces dépenses sont importantes.

Cela peut également expliquer pourquoi les performances s’améliorent parfois lors des matches précédant les matchs organisés par un pays – un phénomène connu sous le nom de Avant le rendez-vous impact (Forrest et coll., 2010).

Cela peut se produire parce que les pays hôtes sont généralement confirmés sept ans avant les Jeux olympiques pour leur donner le temps de se préparer. Étant donné que d’autres Jeux auront lieu pendant cette période de préparation, une augmentation des dépenses sportives pourrait améliorer les performances lors de ces Jeux. Mais notons que la France n’a pas été témoin de cela. Avant le rendez-vous Impact attendu à Tokyo en 2021 (Jeux Olympiques 2020 reportés).

De plus, les pays hôtes peuvent introduire de nouvelles épreuves aux Jeux Olympiques (CNB, 2024Ce sont souvent des tournois où le pays hôte met en valeur ses compétences et son potentiel de médaille. Par exemple, le Japon a introduit le softball et le karaté, où ses athlètes ont remporté des médailles d’or.

La France a introduit le breakdance pour la première fois en 2024 et nous nous attendons à ce qu’elle réussisse lors de cet événement. Le Kayakcross est un autre nouvel événement cette année. Même si l’ajout de nouveaux sports ne garantit pas davantage de succès à l’hôte, cela augmentera les chances de succès. En effet, il existe une forte corrélation entre l’accueil et l’ampleur des médailles remportées dans un plus large éventail de disciplines (Globan et Rouillac, 2024).

La France peut-elle être en tête du tableau des médailles ?

Il serait naïf de dire que la France n’améliorera pas son total de médailles aux Jeux olympiques d’été de cette année, surtout à la lumière de sa légère baisse d’une place à Tokyo 2020. Cependant, il est peu probable qu’elle arrive en tête du classement des médailles aux Jeux de 2024.

Souvent, la meilleure façon de prédire les tableaux de médailles est d’étudier le classement historique. En effet, le succès passé est un indicateur fort du succès futur. Il est donc très probable que la Chine et les États-Unis se disputent la première place. Par coïncidence, ces deux pays répondent également aux critères d’une population nombreuse et de ressources économiques abondantes qui permettent aux nations de prospérer aux Jeux Olympiques.

Étant donné l’histoire de la France qui a terminé à plusieurs reprises dans le top 10 du tableau des médailles, il est peu probable qu’elle termine plus bas. On ne sait pas encore si le pays connaîtra une amélioration significative comme le Japon l’a fait lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo, mais nous le saurons dans les semaines à venir.

Où puis-je en savoir plus ?

Qui sont les experts sur cette question ?

  • Verlie de Bucher, Vrije Université de Bruxelles
  • Victor Matheson, Collège de Sainte-Croix
  • Johan Reuelak, Université de Caroline du Sud
  • Dominique Schreyer, WHU – École de gestion Otto Bechem
Auteur : Johan Reuelak
Image : HJBC sur iStock

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *