(Bloomberg) – La France consacrera le droit des femmes à l’avortement dans sa constitution, en réponse au blocage de l’accès à la procédure aux États-Unis.
Lors d'une session conjointe du Parlement lundi, les législateurs français ont voté à une écrasante majorité en faveur de l'amendement, qui ferait du pays le premier au monde à stipuler explicitement dans sa loi fondamentale que les femmes peuvent librement choisir d'interrompre une grossesse.
La clause qui sera incluse dans l'article 34 de la Constitution garantit aux femmes la liberté d'avorter dans les conditions prescrites par la loi.
Roe v. a conduit à des restrictions plus strictes ou à des interdictions totales dans certains États. Le gouvernement du président Emmanuel Macron a poussé les législateurs à procéder à ce changement à la suite d'une décision de la Cour suprême américaine annulant l'affaire Wade en 2022.
Les partisans de la démarche française soutiennent que même dans des pays comme la France, où la loi est établie depuis des décennies et soutenue par la majorité de la population, les droits peuvent facilement être supprimés en déplaçant le contrôle politique sur les législatures.
Le droit à l'avortement est en jeu et à la merci des décideurs, a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal avant le vote de lundi.
Macron, dans un message sur X, a salué le vote et a déclaré qu'une cérémonie publique aurait lieu ce vendredi – Journée internationale de la femme – pour célébrer cette décision.
La France a dépénalisé l'avortement en 1975 sous l'instigation de feu Simone Weil, ancienne ministre de la Santé, survivante de l'Holocauste et défenseure de la cause des femmes.
Les législateurs ont élargi la loi, qui autorise désormais les avortements parrainés par l'État au moins pendant les 14 premières semaines de grossesse, y compris pour les mineures sans le consentement des parents. Les discours anti-avortement sont interdits sur Internet.
château de Versailles
Lundi, le vote des Français s'est déroulé au château de Versailles pour accueillir tous les représentants et sénateurs et a été retransmis en direct sur un écran géant à Paris. Un éclairage spécial a été organisé pour marquer le vote au mémorial.
La mesure, qui nécessite une majorité des trois cinquièmes, était largement attendue après son adoption par l'Assemblée nationale et, plus surprenant, par le Sénat contrôlé par les conservateurs. Un sondage français réalisé par l'IFOP quelques mois après l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis en 2022 montrait que 86 % des personnes interrogées soutenaient le droit garanti par la Constitution.
« C'est un symbole fort de réconfort pour les femmes », a déclaré Danielle Cowdrey, obstétricienne et militante à LCI. « Cette décision de la France contribuera à garantir l'appropriation dans toute l'UE. »
Un rapport de l'Assemblée nationale française a cité la suppression du droit à l'avortement aux États-Unis, en Pologne et en Hongrie pour justifier cette protection supplémentaire. Le nombre d'avortements en France est resté stable ces dernières années, entre 220 000 et 230 000, soit 27 à 32 pour 100 naissances. Les trois quarts des avortements surviennent avant 10 semaines de grossesse.
« L'expérience américaine montre la vulnérabilité d'un droit qui semblait inviolable mais qui s'est effondré après des décennies d'activisme judiciaire », indique le rapport. Un amendement constitutionnel « garantit une protection supplémentaire d'un principe fondamental ».
Cependant, les législateurs et les partisans du projet de loi s'exprimant avant le vote ont déploré les difficultés rencontrées par certaines femmes pour obtenir un avortement dans les régions de France touchées par la pénurie de personnel médical.
Il s'agit du 25e changement apporté à la constitution du pays depuis l'adoption du document en 1958, inaugurant la Cinquième République. Le changement précédent le plus récent a eu lieu en 2008.
L'amendement a suscité une vive opposition de la part de l'Église catholique, la conférence des évêques de France appelant à une journée de jeûne et de prière en signe de protestation et le Vatican affirmant qu'il « regrette un « droit » de supprimer la vie humaine ».
(Ajoute le post de Macron)
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