La droite française critique l’accord franco-algérien qui accorde certains privilèges aux migrants

Sur fond de polémique sur la réforme de l’immigration en France, la droite française a critiqué jeudi l’accord franco-algérien de 1968 qui facilitait la circulation, le travail et le séjour des citoyens algériens et de leurs familles sur le territoire français. Les conservateurs veulent mettre fin aux privilèges dont jouissent les citoyens des pays africains par rapport aux immigrants d’autres pays. « Tant que cet accord ne sera pas critiqué, nous n’aurons pas la capacité globale de contrôler les flux migratoires », a prévenu la représentante républicaine Michelle Tabaro en séance plénière.

Aujourd’hui jeudi, les représentants des Républicains (droite modérée) ont présenté une résolution symbolique pour critiquer le document signé le 27 décembre 1968, six ans après l’indépendance de l’Algérie en 1962. Mais la résolution a été rejetée par l’Assemblée nationale à une majorité de 151 voix. Contre et 114 pour.

La Première ministre française Elizabeth Bourne a exprimé sa volonté de modifier le texte. Mais le gouvernement s’oppose aux critiques adressées à l’accord et défend la nécessité de « l’harmoniser » avec la réalité des relations entre les deux pays et les objectifs de Paris en matière migratoire. La droite affirme qu’elle accorde « un droit d’entrée quasi automatique » aux Algériens dans le pays européen et laisse « la porte ouverte à une nouvelle immigration ». L’exécutif a démenti. « Il n’y a pas de droit automatique au visa pour les courts ou longs séjours. Le signaler ne résoudra en aucun cas le problème de l’arrivée des clandestins », a répondu Olivier Bechet, vice-ministre du Commerce extérieur.

Paris a estimé qu’exiger cet accord « est contre-productif », car cela risque de provoquer « une réaction des autorités algériennes qui aura de graves conséquences et pourrait conduire à un gel du dialogue sur la migration », a prévenu Bechet à l’Assemblée nationale.

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jamais

L’accord de 1968, signé à une époque où le pays européen avait besoin de main d’œuvre étrangère pour développer rapidement son économie, donnait aux citoyens de ce pays africain un statut unique en termes de mobilité, de résidence et d’emploi. Depuis, le texte a été modifié à trois reprises, sans qu’aucun gouvernement ne le demande.


Contrairement aux Marocains et aux Tunisiens par exemple, les Algériens n’ont pas besoin de demander une carte de séjour comme la plupart des immigrés en France. Un certificat de séjour spécial leur permet, par exemple, d’entrer plus facilement dans la région, de s’établir librement pour exercer une activité ou une profession indépendante et d’obtenir un permis de séjour de longue durée plus facilement que les autres étrangers.

L’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, devrait commencer à discuter de la réforme de l’immigration lors d’une séance plénière lundi 11 décembre prochain. Le texte a été approuvé en première lecture au Sénat, dominé par la droite et le centre.

Xavier Drinkour, ancien ambassadeur de France à Alger, considère comme une « contradiction » de promouvoir une réforme de l’immigration et d’accorder des exceptions aux Algériens. « Une grande partie des immigrés qui viennent aujourd’hui dans l’État, dans le cadre du regroupement familial ou simplement avec un visa, viennent de là-bas », rappelle Drinkcourt. En 2021, 887 000 Algériens vivront en France, soit 12,7% du total des étrangers dans le pays, selon les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

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