Les ambitions de l'Algérie d'atteindre les eaux atlantiques au large des côtes marocaines ont pris une curieuse tournure avec l'annonce de son intention de pêcher en Mauritanie. Rapporté par Les médias locauxLe ministre algérien de la Pêche et de la Production halieutique, Ahmed Badani, a déclaré dans son bureau dès mars 2023 qu' »il y a des négociations avec la partie mauritanienne », confirmant qu'elle dispose de « permis délivrés par les autorités de Nouakchott ».
Cependant, les commentaires de Patani à la veille d'une foire aux produits de la mer à Oran ont clairement montré que le cadre juridique était déjà en place. Comme le révèlent les médias, les « licences » en question remontent à l’accord de 1983. Les licences auraient été délivrées en échange de cinq bateaux destinés à promouvoir la pêche artisanale en Mauritanie.
Cependant, cet accord de 1983 se heurte à des « obstacles logistiques » qui rendent sa mise en œuvre plus compliquée. La Société générale des pêches maritimes algéro-mauritanienne créée dans le cadre du traité n'a pas été en mesure de naviguer dans les eaux turbulentes de l'Atlantique. Après quatre années d'activité, elle ferme ses portes en 1987.
Les deux gouvernements ont tenté de relancer le programme en 2003, ouvrant la porte à la participation du secteur privé à la coentreprise. Le même engagement a été manifesté en 2013 par Ahmed Ferouki, alors ministre algérien de la Pêche, mais ces paroles n’ont pas été traduites en actes.
Le « vieux projet algérien », comme le qualifiait un rapport, a refait surface lors de la première session du Comité frontalier bilatéral algéro-mauritanien tenue à Alger en novembre 2021. La réunion, présidée par les ministres de l'Intérieur des deux pays, s'est conclue par un accord entre les deux parties sur « la mise en œuvre de l'accord dans le secteur de la pêche maritime relatif à l'exploitation des licences accordées pour pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes ».
Plus récemment, Alger et Nouakchott ont conclu un protocole d'accord en septembre 2022, qui porterait apparemment sur l'octroi de quotas de pêche aux chalutiers algériens dans les eaux mauritaniennes.