Le 8 juin 2022, l’Algérie a annoncé la suspension du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne. Cette décision a porté un coup aux relations entre l’Algérie et Madrid, qui s’étaient déjà détériorées depuis que l’Espagne avait soutenu la position du Maroc dans le territoire contesté du Sahara occidental.
Les deux pays ont publié des déclarations officielles pour clarifier et défendre leurs points de vue, tandis que l’Union européenne – préoccupée par les répercussions économiques de la décision de l’Algérie – a exhorté l’Algérie à revenir sur sa décision « extrêmement inquiétante » qui viole directement l’accord d’association UE-Algérie de 2005.
La réaction de l’Algérie à la décision espagnole a été choquante parce que d’autres pays occidentaux – y compris des pays plus forts et plus importants – ont pris des mesures plus drastiques qui ont conduit à une réaction plus modérée de l’Algérie.
Les États-Unis, sous l’administration Trump, ont annoncé qu’ils reconnaissaient « la souveraineté marocaine sur l’ensemble du territoire du Sahara occidental » et ont finalement ouvert un consulat à Dakhla. Les Américains sont même allés plus loin, soulignant leur soutien à la proposition marocaine d’accorder une autonomie limitée aux Sahraouis vivant sous contrôle marocain.
L’Allemagne a également changé sa position sur le Sahara occidental après avoir élu un nouveau chancelier fin 2021. Le gouvernement allemand nouvellement élu, dans une tentative de surmonter une longue période de tension avec le Maroc, a décrit le plan d’autonomie du Maroc comme une « contribution importante » à la fin le conflit du Sahara occidental.
positions opposées
Le conflit du Sahara occidental a toujours été au cœur des relations maroco-algériennes et a toujours affecté leur interaction avec leurs voisins européens et africains. Les acteurs internationaux impliqués, tels que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ont régulièrement tenté de faciliter la désescalade des tensions entre les deux pays du Maghreb.
Lorsque l’Espagne – le principal partenaire des deux pays – n’a pas adopté une position équilibrée qui pourrait aider à apaiser les tensions, l’Algérie s’est rapidement aggravée, dénonçant ouvertement le virage politique espagnol et déclarant la position espagnole incompatible avec les décisions juridiques internationales, sans parler de celle de l’Espagne. L’approche traditionnelle de la question.
Pendant ce temps, le Maroc agit de plus en plus en affirmant sa souveraineté sur la région contestée. En effet, le Roi Mohammed VI a déclaré dans un récent discours que les relations du Maroc avec les autres pays seront basées principalement sur le respect de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Trouver de nouveaux alliés ?
Au milieu de la querelle diplomatique de l’Algérie avec l’Espagne sur le statut du Sahara occidental, le ministère algérien des Affaires étrangères a travaillé dur pour renforcer les liens économiques et politiques avec l’Italie, partenaire de longue date de l’Espagne, et avec la France, le plus grand allié du Maroc. La France, avec laquelle l’Algérie partage une longue et mouvementée histoire, a toujours été ouvertement favorable au droit du Maroc à défendre son « intégrité territoriale ».
Les initiatives algériennes en Italie ont abouti à une visite officielle du président algérien Abdelmadjid Tebboune le 25 mai 2022. Tebboune a eu des entretiens bilatéraux avec son homologue italien et a signé un important accord énergétique avec l’Italie, ouvrant la voie à l’Algérie pour devenir le plus grand fournisseur de gaz de l’Italie.
Avant l’escalade des tensions, l’Algérie était le plus grand fournisseur de gaz de l’Espagne, Madrid acquérant sa part de gaz algérien via le gazoduc Trans-Maroc. Mais avec la détérioration des relations algéro-marocaines et l’Algérie craignant que l’Espagne ne vende du gaz algérien au Maroc, Alger a stipulé que le gaz fourni à l’Espagne ne devait être réexporté vers aucun autre pays, à savoir le Maroc. De plus, à titre punitif, le gouvernement algérien a récemment décidé que le gaz initialement destiné à l’Espagne serait désormais détourné vers l’Italie.
La tension dans les relations hispano-algériennes due au changement de position antérieure sur le Sahara Occidental soulève de nombreuses questions sur l’avenir des relations marocaines et algériennes avec les États membres de l’Union européenne. Comment réagirait l’Algérie si d’autres pays de l’UE décidaient d’adopter la position espagnole, soutenant ainsi la proposition d’autonomie ?
Les différentes positions marocaines et algériennes seront-elles similaires de manière à sortir de l’impasse diplomatique entre les deux pays ? Leurs points de vue contradictoires sur le Sahara Occidental ne seront-ils résolus qu’avec l’aide d’efforts internationaux ? Seul le temps nous le dira, mais les développements récents indiquent d’autres tensions à venir.
Qantara.de, 22 août. Mohamed Al-Fuwaires est un journaliste marocain, chercheur et doctorant à la faculté des lettres et des sciences humaines de Fès.
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