Aéroport de La Havane (AFP)
Des milliers de Cubains qui protestaient contre leur gouvernement ont réussi à attirer l’attention du président américain Joe Biden, mais dans leur réponse, ils se sont détournés.
La plupart des Cubains – même ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui – ont salué la présidence de Biden après quatre ans de mauvaises relations et l’escalade des sanctions sous son prédécesseur, Donald Trump.
Avant son élection, Biden avait déclaré à l’agence de presse d’opposition en ligne Cybercup qu’il supprimerait les restrictions de Trump sur l’envoi et les voyages d’argent, ce qui pourrait nuire aux Cubains et aux familles séparées.
Mais six mois après le début de son mandat, les Cubains attendent toujours des mesures décisives pour soutenir les promesses.
« Évidemment, il (Barack) ne croyait pas qu’Obama reviendrait à la politique, mais de nombreux (Cubains) qui pensaient qu’il annulerait les mesures les plus drastiques de Trump ont été déçus », a déclaré à l’AFP Carlos al-Zugare, un éducateur cubain et ancien ambassadeur.
Biden a déclaré lors de sa campagne électorale qu' »il ne faisait aucun doute qu’il y avait beaucoup d’anticipation sur de nombreux problèmes ».
Les 11 et 12 juillet, des milliers de Cubains dans 40 villes de l’île ont crié « liberté », « à bas la dictature », « nous avons faim ».
Un a été tué, des dizaines ont été blessés et plus de 100 ont été détenus.
Biden l’a remarqué, mais n’a pas annoncé de nouvelles mesures. Cependant, il a fait du commerce avec le président cubain Miguel Diaz-Kennel.
« Cuba est, malheureusement, un État défaillant et opprime ses citoyens », a déclaré Biden jeudi.
Le lendemain, Dias-Colonel battit en retraite : « Les efforts des États-Unis pour détruire Cuba ont échoué, malgré des milliards de dollars dépensés pour le faire.
« Si le président Joseph Fiden avait une véritable préoccupation humanitaire pour le peuple cubain, il serait en mesure d’éliminer les 243 mesures prises par le président Donald Trump, y compris les plus de 50 atrocités imposées lors des épidémies (de coronavirus), la première étape pour mettre fin le siège », a-t-il déclaré.
– Les vaccins sont administrés uniquement –
Bien que Cuba ait été le seul pays d’Amérique latine à développer ses propres vaccins, des manifestations ont éclaté au milieu d’un ralentissement économique brutal et d’une augmentation des infections par le gouvernement-19.
Tout en insistant sur le fait qu’il n’avait aucune urgence à envoyer de l’argent à la nation insulaire de 11 millions de Cubano-Américains – craignant que le gouvernement ne les «saisisse» – Biden a proposé à la place de l’aider dans sa campagne de vaccination.
« En fait, si on m’assurait qu’une organisation internationale administrerait ces vaccins et que le citoyen moyen aurait accès à ces vaccins, je serais prêt à donner une quantité substantielle de vaccins », a-t-il déclaré jeudi.
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L’opposition déportée – interdite dans un État communiste à parti unique – a exigé une réponse ferme à La Havane.
Dias-Colonel a accusé les États-Unis d’être descendus dans la rue pour défendre la révolution qui a porté Fidel Castro au pouvoir dans les années 1950.
Les gouvernements de gauche en Russie, en Chine et en Amérique latine ont exprimé leur soutien au régime cubain.
– « Hypocrisie » –
Non seulement les Cubains ordinaires ont exprimé leur déception devant le manque d’action de Biden.
« Vous ne voyez aucun changement, le siège est toujours en place », a déploré le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez en début de semaine.
« Les manifestations ont remis Cuba à l’ordre du jour de Washington, mais en même temps, l’administration Biden a rendu difficile, voire impossible, l’élimination des mesures punitives », a présenté le groupe de dialogue américano-américain dirigé par Washington et Michael Schifter. dit à l’AFP.
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« Une politique particulièrement stricte sous Trump est sur le pilote d’automatisation en ce moment. »
Si Biden veut adoucir et infléchir cette politique « avec une orientation plus humanitaire », il sera durement critiqué par les républicains pour avoir trop donné au régime. «
Cependant, Ben Rhodes, un ancien conseiller américain à la sécurité nationale sous le président Obama, a insisté pour agir.
« Les Cubains expriment avec audace leurs frustrations et utilisent leurs droits mondiaux de manière vraiment encourageante. Nous devons avant tout réfléchir à ce que nous pouvons faire pour les aider », a tweeté Rhodes mardi.
Il a plaidé pour les envois de fonds et la récupération des voyages, et pour le retour du personnel de l’ambassade américaine à La Havane.
Le Cuban Americans for Engagement (CAFE), basé à New York, applaudit de tout cœur les manifestations pour leur hypocrisie lorsqu’elles prétendent soutenir les Cubano-Américains.
« Le savoir public doit prévaloir des deux côtés, les sanctions doivent être levées et des mécanismes de démocratisation doivent être mis en place », a déclaré le panel.
Il a ajouté que « nous n’avons pas à passer 60 ans de plus à attendre que la vie s’améliore pour les Cubains ordinaires ».
© 2021 AFP