PARIS, France — Le président des Ouïghours de France, Emmanuel Macron, a déclaré vendredi que recevoir son homologue chinois Xi Jinping la semaine prochaine équivaudrait à les « bousculer ».
Xi devrait effectuer une visite d’État en France lundi et mardi.
Étape: Macron à Guangzhou le dernier jour de sa visite en Chine
Dilnoor Reyhan, ressortissant français et fondateur de l’Institut européen ouïghour, s’est déclaré, ainsi que d’autres, « indignés » par la visite du dirigeant chinois.
« Pour le peuple ouïghour – en particulier les Ouïghours français – c’est la chambre de notre président Emmanuel Macron », a-t-il déclaré, qualifiant le dirigeant chinois de « bourreau du peuple ouïghour ».
Pékin est accusé d’avoir emprisonné plus d’un million d’Ouïghours et d’autres minorités musulmanes dans un réseau de centres de détention répartis dans la région du Xinjiang.
Des militants et des Ouïghours à l’étranger ont fait état d’abus dans ces installations, notamment de torture, de travail forcé, de stérilisation forcée et d’endoctrinement politique.
L’année dernière, un rapport de l’ONU décrivait des preuves « crédibles » de torture, de traitements médicaux forcés et de violences sexuelles ou basées sur le genre – ainsi que de travail forcé – dans la région.
Mais il n’est pas allé jusqu’à qualifier les actions de Pékin de « génocide », comme l’ont fait les États-Unis et certains législateurs occidentaux.
Pékin a toujours nié ces abus et ces allégations font partie d’une campagne de diffamation planifiée pour freiner sa croissance.
Elle gère également des centres de formation professionnelle au Xinjiang qui contribuent à lutter contre l’extrémisme et à promouvoir le développement.
Aux côtés de Reyhan lors d’une conférence de presse à Paris, Gulbahar Haidivaji, qui s’est identifié comme ayant passé trois ans dans un camp de concentration, s’est dit « déçu ».
« Je demande au président d’aborder la question des camps avec la Chine et d’exiger fermement qu’ils soient fermés », a-t-il déclaré.
Human Rights Watch a exhorté Macron vendredi à « présenter les conséquences de la répression croissante et des crimes contre l’humanité du gouvernement chinois » lors de sa visite.
« Le respect des droits de l’homme s’est fortement détérioré sous le régime de Xi Jinping », indique le communiqué.
« Son gouvernement a commis des crimes contre l’humanité… contre les Ouïghours et d’autres musulmans turcs du Xinjiang, a adopté une législation draconienne qui a détruit les libertés à Hong Kong et a intensifié la répression des critiques du gouvernement à travers le pays. »
« Le président Macron doit faire comprendre clairement à Xi Jinping que les crimes contre l’humanité de Pékin ont des conséquences sur les relations de la Chine avec la France », a déclaré Maya Wang, directrice Chine de Human Rights Watch.