Émis en :
Riyad (AFP) – L’affrontement entre deux des plus grands footballeurs du monde a offert un spectacle divertissant à Riyad, mais l’Arabie saoudite aux poches profondes ne s’arrêtera pas là dans sa quête pour redorer son blason par le sport.
Un feu d’artifice assourdissant s’est conclu jeudi entre Lionel Messi du Paris Saint-Germain et une équipe composite emmenée par le nouveau venu en Ligue professionnelle saoudienne Cristiano Ronaldo, remporté 5-4 par les visiteurs.
Le match amical a présenté tous les détails d’un match majeur, avec VAR, lance-flammes, score de bande et une présentation de médailles devant plus de 60 000 fans au stade Al Jalil King Fahd.
Mais le royaume du désert promet déjà plus avec la Coupe du monde, les Jeux olympiques d’été et peut-être même les Jeux olympiques d’hiver déjà en vue, ainsi qu’une foule d’autres événements majeurs.
« C’est un gros match, mais… ce n’est rien (comparé à) ce qui va se passer avec Vision 2030 », a déclaré Turki Al-Sheikh, chef de la General Entertainment Authority, faisant référence au plan de développement ambitieux de l’Arabie saoudite.
Cinq ans seulement après avoir autorisé les premiers touristes non musulmans et autorisé les femmes à conduire, l’Arabie saoudite tente de s’ouvrir à sa société conservatrice longtemps fermée au monde.
Le plus grand exportateur de pétrole au monde a déversé des centaines de millions de dollars dans des accords sportifs, notamment la capture de Ronaldo, une course de Formule 1 à Djeddah et une tournée lucrative de Leaf Golf, suscitant des allégations répétées selon lesquelles il « blanchit » son bilan en matière de droits humains.
Dans les années à venir, les Saoudiens, qui ont vu leurs voisins du Qatar organiser la Coupe du monde en novembre et décembre, accueilleront la Coupe d’Asie masculine et féminine, les Jeux asiatiques de taille olympique et même les Jeux asiatiques d’hiver sur neige artificielle.
Tout cela fait partie des grands plans du dirigeant de facto, le prince héritier Mohammed bin Salman, de moderniser l’économie saoudienne et de supprimer sa dépendance au pétrole avant que le monde ne passe à d’autres types de carburant.
« Il surprendra les dirigeants des Saoudiens avec plus de choses », a déclaré le cheikh à l’AFP, faisant référence au prince héritier.
« Nous sommes prêts à répondre à ses demandes à tout moment. Mais ce qui est à venir est bien plus important. »
Juste le commencement
L’Arabie saoudite discute d’une candidature conjointe pour accueillir la Coupe du monde 2030 avec l’Égypte et la Grèce, alors que l’an dernier, le ministre saoudien des Sports avait déclaré à l’AFP que l’accueil des JO était le « but ultime ».
Son plus gros coup à ce jour a été la signature de Ronaldo par Al Nasr pour plus de 200 millions d’euros, plus un accord séparé de 200 millions d’euros pour promouvoir l’organisation de la Coupe du monde, selon une source proche du club.
Le déménagement soudain du joueur portugais de 37 ans a suscité des spéculations selon lesquelles Messi, qui joue pour le Paris Saint-Germain, propriété du Qatar, mais est un ambassadeur du tourisme saoudien rémunéré, pourrait le rejoindre dans la ligue professionnelle.
« La transition de Ronaldo n’est que le début », a déclaré Daniel Reich, professeur associé invité à l’Université de Georgetown au Qatar.
« Peu importe si Messi va en Arabie saoudite, nous verrons plus de stars déménager en Arabie saoudite. »
Reich a déclaré que le « projecteur mondial » se concentrera désormais sur des questions en Arabie saoudite telles que les droits des femmes, des homosexuels et des travailleurs migrants, comme cela s’est produit au Qatar pendant la Coupe du monde.
Mais il a insisté sur le fait que pour les monarchies du Golfe, le sport de haut niveau n’est pas seulement une tentative de dissimulation des problèmes de droits de l’homme.
« En Arabie saoudite, cela fait partie d’une approche plus large visant à ouvrir la société plutôt que de détourner l’attention des violations des droits de l’homme », a déclaré Reich.
Il a ajouté : « Ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas compter sur le pouvoir militaire et politique, et qu’ils doivent avoir un pouvoir doux », notant que le match de jeudi a envoyé un « message très fort ».
« C’est quelque chose qui se fait remarquer dans le monde entier. En ayant un tel jeu, c’est aussi comme » voir comment nous changeons « . »
© 2023 AFP