La Tunisie est en train de faire reculer le régime autoritaire à la suite de la prise de pouvoir du président Kais Saied, une étape pour de nombreux Tunisiens. Mais les groupes de défense des droits en particulier sont préoccupés par leur liberté durement acquise alors que la répression s’intensifie.
Le mois dernier, les autorités ont empêché des militants des droits de l’homme d’organiser des manifestations contre le président Saïd, ce qui fait craindre le début du retour de l’État policier qui terrorisait les militants pro-démocratie sous Benali.
Des dizaines de personnes ont été arrêtées lorsque les forces de sécurité ont fait usage de la force et déployé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Le 25 juillet dernier, au milieu d’une grave crise économique, Saïd a suspendu le Parlement, limogé le Premier ministre et déclaré qu’il assumerait les pouvoirs exécutifs. Puis en septembre, il a pris des mesures pour gouverner par décret. Ses adversaires ont dénoncé le coup d’État contre le système constitutionnel.
En janvier dernier, la Tunisie a reçu son premier avertissement concernant la détérioration de la situation des droits humains dans le pays depuis des années. Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies s’est dit préoccupé par la répression des militants des droits de l’homme et a appelé le gouvernement à protéger et à respecter les droits et les libertés de son peuple.
Reporters sans frontières s’inquiète des « acquis de la révolution » et exprime ses craintes d’une « transformation autoritaire » dans ce pays d’Afrique du Nord.
La répression intérieure est intervenue dans le contexte du rapprochement de la Tunisie avec d’autres régimes autoritaires dominés par l’armée, comme l’Algérie voisine, qui n’a aucun intérêt à avoir un voisin démocratique.
Pendant ce temps, l’économie tunisienne reste embourbée dans la pandémie, et le gouvernement nommé par Saïd en septembre a annoncé un budget impopulaire pour 2022.