Un ancien médecin jugé en France pour le génocide rwandais

Une ancienne gynécologue rwandaise a été jugée mardi en France pour génocide et crimes contre l’humanité lors des massacres de 1994 dans son pays d’origine.

Il s’agit de l’une des affaires les plus anciennes en France, Sosthen Munyemana étant jugé devant un tribunal de Paris près de 30 ans après avoir été inculpé à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, en 1995.

Cet ancien médecin de 68 ans, accusé d’avoir organisé des actes de torture et des meurtres lors du génocide des Tutsi au Rwanda, vit en France depuis 1994. Il n’est pas en garde à vue mais sous contrôle judiciaire.

Il s’agit du sixième procès de ce type en France, où quelque 800 000 personnes, pour la plupart des Tutsis, ont été tuées en 100 jours.

« Nous attendons que justice soit enfin rendue », a déclaré l’avocate Rachel Lyndon, qui représentait les 26 victimes.

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« Plus le temps passe, moins nous avons de témoins », a-t-il ajouté.

En 2008, la France a rejeté la demande d’asile de Muniemana, qui travaillait depuis une décennie dans un hôpital de Villeneuve-sur-Lot, dans le sud-ouest de la France.

Mais le Rwanda a rejeté une demande d’extradition en 2010 après que les avocats de Munyemana ont soutenu qu’il ne pouvait pas bénéficier d’un procès équitable dans ce pays.

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En 2011, un tribunal français a inculpé le père de trois enfants, soupçonné d’implication dans le génocide de 1994.

Munimena, qui nie les accusations, risque la prison à vie s’il est reconnu coupable.

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Son procès est prévu le 22 décembre.

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Hutu, il vivait à Butere, dans le sud du Rwanda, au moment du massacre.

La France est l’une des principales destinations des fuyards de la justice en lien avec les massacres rwandais.

Le Rwanda sous le président Paul Kagame a accusé Paris de ne pas vouloir remettre les suspects de génocide ou les traduire en justice.

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Depuis 2014, la France a jugé et condamné plusieurs personnes, dont un ancien chef des services secrets, deux anciens maires et un ancien chauffeur d’hôtel.

« C’est un médecin, un homme célèbre et très admiré », a déclaré Emmanuel Daoud, avocat de deux organisations de défense des droits, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH).

« Il ne peut pas ignorer ce qui se passe », a-t-il ajouté.

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Munyemana était proche de Jean Kampanda, chef du gouvernement intérimaire installé en 1994 après que l’avion transportant le président de l’époque, Juvénal Habyarimana, ait été abattu par un missile.

Il était accusé d’avoir signé une lettre de soutien au gouvernement intérimaire, encourageant le massacre des Tutsis. Il a également été accusé d’avoir détenu des citoyens tutsis dans des conditions inhumaines dans les bureaux du gouvernement local.

Munyemana ne nie pas détenir les clés, mais affirme que les bureaux constituent un « sanctuaire » pour les Tutsis en quête de protection.

L’avocat de Munyemana, Jean-Yves Dupeux, a soutenu que l’affaire « repose uniquement » sur des témoignages oculaires remontant à plusieurs décennies.

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« Il est très difficile de faire confiance à un témoignage sur quelque chose qui s’est produit il y a si longtemps », a-t-il déclaré.

Muniemana a travaillé comme médecin urgentiste dans le sud-ouest de la France avant de se tourner vers la gériatrie.

Plus de 800 000 personnes, principalement la minorité tutsie, ont été massacrées par des soldats hutus et des milices extrémistes lors du génocide rwandais d’avril à juillet 1994, selon les chiffres de l’ONU.

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