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Aéroport de Beyrouth (AFP)
Un tribunal libanais a limogé jeudi un juge qui a mené l’enquête sur l’attentat de masse de Beyrouth en août dernier, selon des sources judiciaires à la demande de deux anciens ministres qu’il a mis en examen.
Le bombardement du 4 août a tué plus de 200 personnes et dévasté une grande partie de la capitale, provoquant des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium laissées par des années d’embuscade au chantier naval du port de Beyrouth.
Le juge Fadi Sawan a ajourné une enquête sur la pire catastrophe de paix au Liban à la mi-décembre après que d’anciens ministres se sont plaints de l’explosion.
Jeudi, « la Cour de cassation a décidé de transférer le procès … de Sawan à un autre juge », il n’a pas encore été nommé, ont indiqué des sources judiciaires.
Le 10 décembre, Sawan a émis des accusations selon lesquelles le Premier ministre par intérim Hassan Daib et trois autres anciens ministres avaient «fait preuve de négligence et causé la mort de centaines de personnes».
Les opposants incluent le Premier ministre Chad Hariri et le puissant mouvement chiite Hezbollah.
Parmi les personnes inculpées figuraient l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil et l’ancien ministre des Travaux publics Qazi Jaitley, qui ont accusé Sawan d’avoir violé la constitution et ont décidé de le retirer de l’affaire.
Les militants des droits de l’homme ont condamné la décision de jeudi.
Ayaan Majjob, un analyste de surveillance des droits humains, a écrit sur Twitter que le renvoi de Sawan était « une parodie de justice et une honte pour les victimes des attentats ».
« En plus de six mois, nous sommes revenus à la case départ. »
Nisar Saqih, avocat et militant, a déclaré qu’il souhaitait voir la décision complète du tribunal, mais craignait le pire.
« En refusant de prendre leurs responsabilités, les ministres et la classe politique tracent une ligne rouge dans l’enquête », a-t-il dit, ajoutant que « c’est un phénomène courant au Liban, qui empêche toute justice d’être rendue ».
L’enquête a conduit à l’arrestation d’au moins 25 suspects, dont le chef du port et son directeur des douanes, mais pas un seul homme politique.
Au lieu d’essayer de comprendre comment le nitrate d’ammonium s’est retrouvé à Beyrouth, il s’est principalement concentré sur les responsables de la tragédie.
© 2021 AFP
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